DDK

jacques demierre piano
axel dörner trumpet
jonas kocher accordion

New ensemble consisting of three leading figures of the improvising scene in Europe. The trio plays an improvised music totally focused on the here and now.
The music of these three very strong players covers a wide musical range going from silence and tiny sound lines to eruptive and sharp sonic attacks, sound and listening forming the core of the music, rather than any stylistic idiom.

floating piece of space
format: 12” vinyl, 45t

face A – the mirror : 18’06”
face B – the garden : 17’41”

Enregistré live à la cave12 en octobre 2014 lors d’un concert qui fut remarquable de tensions acoustiques, contre-pieds suspendus, intrications de sonorités scalpelisées, dépôts sonores orfévriques hautement focalisés, éruptions éparses, retenues magnificentes, une trompette-rayon-laser tout bonnement fantastique, voire extraterrestre, c’est avec un immense plaisir que la cave12, en étroite collaboration avec les musiciens du trio sort ce vinyle, « floating piece of space ». Fernando Sixto/Cave12

Cone of Confusion
format: CD

1. Increasing the efficiency process 04:06
2. Variation in the subject 01:51
3. There are small observable differences 05:13
4. Position of the head 05:35
5. The errors introduced by such an exchange are within the errors 09:14
6. Principle of reciprocity 10:50

Recorded in Biel/Bienne (CH) on November 3 2017
Mixed by Axel Dörner and mastered by Ilia Belorukov

DDK’s Cone of Confusion was named among the France Musique’s top CDs of 2018

BIOTOPE, pour trio et ensemble (2019)
DDK et Ensemble Contrechamps

Ensemble: Flûte Hautbois Clarinette basse Cor Trombone Guitare électrique Clavier Percussion I Percussion II Violon Alto Violoncelle Contrebasse
Trio: Piano Trompette Accordéon

J’imagine Biotope, la rencontre entre l’ensemble Contrechamps et le trio DDK, comme une situation environnementale. Une rencontre interactive entre deux systèmes vivants. J’imagine le son comme le lieu constamment transformé où se lit le déploiement de l’interaction. Composer une telle situation interactive est d’une certaine manière aussi l’observer et l’expérience du son nous montre que ce processus de composition-observation fait clairement partie de l’interaction elle- même. Mais on ne peut prévoir totalement les résultats de celle-ci, la spécificité expérimentale du contexte musical gardant joyeusement le dernier mot.
La rencontre sonore entre ces deux systèmes vivants est articulée par un ensemble de procédures déterminées ou indéterminées qui incitent autant le compositeur que les deux ensembles à s’engager ainsi dans une intense interactivité au sein d’un système vivant élargi.

Si la situation environnementale imaginée plus haut reste métaphorique, les propositions d’interactions entre le compositeur, l’ensemble Contrechamps et le trio DDK visent – à la manière des initiatives qui aujourd’hui cherchent à repenser au niveau des écosystèmes le positionnement du couple humanité-environnement – à (r)établir un équilibre à travers des processus dynamiques basés sur une conscience inclusive de la situation. J.D.

i. Dire ici l’influence de la pensée de David Dunn durant l’élaboration de Biotope
ii. Les textes composant la partition sont des extraits remaniés de A l’écoute de l’environnement: Répertoire des effets sonores, Jean-François Augoyard et Henry Torgue, Editions Parenthèses, 1995

Pour chaque interprète de l’ensemble, la partition de Biotope est constituée de deux parties à utiliser simultanément.

1- un texte écrit qui comprend la liste numérotée des interventions, la durée de chaque intervention, les instructions concernant les actions sonores proprement dites.

2- un texte enregistré, transmis à l’interprète au moyen d’écouteurs, où une voix énonce le numéro de l’intervention (#28, #107 etc.), puis le moment de son départ (partez) et de son arrêt (stop)

La partie audio fait office de partition temporelle, la partie écrite vient en appui quant à la succession des interventions sonores et à leurs durées.

Si le contexte sonore le demande, il est possible de ne pas commencer à jouer au moment de départ indiqué, mais il est par contre impératif de terminer au moment indiqué.

Les instructions données sont davantage qu’une simple série de mode de jeu à réaliser. Elles font référence à notre expérience quotidienne du son, à notre vécu sonore, où nous sommes partie prenante de l’ensemble des formes sonores perceptibles dans l’environnement.

Mettre ici ces instructions en pratique, dans ce cadre environnemental particulier qu’est le concert, c’est envisager l’environnement, et donc le concert, comme un réservoire de possibiités sonores, où le son, en tant que phénomène qui se propage, est lié au caractère spatial du lieu et aux conditions physiques de l’écoute et de l’action sonore.

Si l’on imagine que l’environnement – le concert dans notre cas – puisse être un objet sonore à transformer, chaque instruction est un appel à agir sur le contexte sonore immédiat et à son organisation, c’est-à-dire à donner matière et forme aux interactions musicales et humaines qui sont à l’oeuvre à l’instant même de la rencontre interactive entre l’ensemble Contrechamps et le trio DDK.

Les instructions évoquent des situations sonores totales, ainsi, une instruction telle que « Marquer un silence » ne signifie pas au sens propre ne jouer qu’un silence, mais elle suggère plutôt de performer une situation acoustique qui, dans un certain contexte sonore, permet de donner à entendre l’effet demandé, « Marquer un silence ».

Chaque instruction fait référence à ce que l’on nomme habituellement un «effet sonore». Il existent plusieurs types d’effets qui vont produire différentes actions et situations sonores au moment de la performance: soit à travers le jeu instrumental, soit par la simple imagination de l’instrumentiste, soit encore à travers la seule écoute.

Quel que soit le type d’action sonore envisagé – de jeu, d’imagination ou d’écoute – celle-ci est toujours liée à un « effet sonore » qui est l’expression de «cette interaction […] entre l’environnement sonore physique, le milieu sonore d’une communauté socio-culturelle et le «paysage sonore interne» à chaque individu».

La rencontre entre le trio et l’ensemble est constamment interactive. D’un côté, les deux partagent le même espace et sont amenés à jouer en fonction de ce contexte sonore, à déclencher et utiliser l’empreinte et les capacités acoustiques du lieu. De l’autre, chacun d’entre eux est la partition de l’autre – DDK avec une simple contrainte chronométrique et sa pratique de la composition instantanée, et Contrechamps avec ses instructions d’actions sonores et son orchestration temporelle.