Chemin des sons

Installation sonore
Lucerne Festival 2010
Jacques Demierre, conception
Thierry Simonot, Klangregie
Nicolas Sordet, Informatikkonzept und Programmierung
Urban Mäder, Miriam Sturzenegger, Forum Neue Musik Luzern, Mark  Sattler, Lucerne Festival, curateur.trice.s
Video: Miriam Sturzenegger

With its wooden roof like an echo chamber and its wooden floor like a sounding board, the Kapellbrücke acquires a sonority all its own. In his sound installation, Geneva composer and sound artist Jacques Demierre captures acoustic events from the bridge’s immediate surroundings—the sounds of wind, water, and traffic, of birds and passersby — and continuously projects these back onto the bridge. 

Through this special sonic experience, visitors become sensitized to the space which they have entered and come to perceive the much used Kapellbrücke not only as a place of transition but also of hearing – a “Chemin de sons,” that is, a path of sounds.

La dimension architecturale si singulière du Pont de la Chapelle de Lucerne, le Kapellbrücke, sa longueur, sa continuité, en font un espace scénique à part entière qui donne à la performance non-intentionnelle des touristes et des habitants de Lucerne le parcourant une allure de procession rituelle.

Ce site, où sans cesse des hommes et des femmes du monde entier passent et repassent et témoignent indéfiniment de cette expérience de la traversée en prolongeant et fixant leur perception au moyen de l’image ou du mot, se retrouve profondément chargé de sens par toutes celles et ceux qui l’ont franchit autrefois, et également par celles et ceux qui le franchissent aujourd’hui, ajoutant leurs traces à celles déjà laissées par d’autres.

Ainsi, traverser ce pont, le retraverser, a profondément valeur d’allusion. Si comme l’écrit Philippe Forest, « il n’est aucune perception qui ne soit aussi citation“, faire l’expérience de ce passage est, autant pour le touriste que pour l’habitant lucernois, une façon d’écrire physiquement ce rituel et de prêter son corps au phénomène de sa réécriture infinie.

La reformulation réexpérimentée et renouvelée de ce geste processionnaire, dont la pratique a pour effet de convoquer indéfiniment celles et ceux qui jadis ont parcouru ce chemin, n’est pas sans rappeler le hashigakari du théâtre nô japonais. Le hashigakari est un pont de bois de quelques mètres de longueur, qui relie en oblique les coulisses et la scène centrale d’un théâtre nô. Comme pour le Kapellbrücke, son toit de bois sert d’abat-son et la structure ligneuse entière de l’ouvrage marque de son empreinte la propagation du son de ceux qui le traversent. Fermée côté coulisses par un rideau à plusieurs couleurs, cette structure scénographique n’est pas seulement un lieu de passage permettant aux acteurs et aux instrumentistes d’accéder à l’estrade principale, mais est aussi métaphoriquement un chemin qui relie le monde des esprits à celui du monde temporel, la thématique du nô traitant abondamment de ces histoires où rêve et réalité s’imbriquent étroitement.

Si traverser le hashigakari, c’est passer d’un monde à l’autre, c’est mettre en contact le monde réel avec le monde des esprits, le monde des hommes avec celui des dieux, celui des spectres, et si franchir le Kapellbrücke a pour effet d’englober dans une même citation les expériences d’un rituel déambulatoire à travers le temps, alors parcourir un pont de bois, qu’il soit hashigakari ou Kapellbrücke, c’est peut-être simplement mettre en marche un processus qui, dans sa dimension rituelle, offre la possibilité à celui ou celle qui le franchit de s’embarquer à l’intérieur d’une fiction qui engendre la réalité et de s’abandonner à une expérience profondément humaine.

Le Kapellbrücke est non seulement un lieu de passage, le mouvement linéaire du cheminement accentuant particulièrement l’aspect temporel de la traversée, mais aussi un lieu de contemplation, où le cadrage visuel, qui résulte de l’espace architectural, et qu’il pose sur la ville, sur la rivière, sur la nature, ajoute à l’expérience d’un parcours lié au temps et à la durée, une expérience à dimension visuelle et spatiale, celle du panorama.

Par l’espace vide qu’il propose, par sa structure, le Kapellbrücke impose une forme au déploiement de l’activité des passants qui le franchissent, tout en proposant un cadre à leur vision tournée vers l’extérieur. C’est essentiellement à partir de ces deux axes, temporel et spatial, que va s’articuler le travail d’installation sonore.

Un grand nombre de microphones placés de part et d’autre du pont, sur toute sa longueur, en direction de l’extérieur, pointent vers le lac, vers la ville , vers la rivière, et captent les sons de ce que l’oeil voit, transmettent en temps réel les sons du panorama visuel.

Ces sons, habituellement filtrés par la structure du pont de bois et perçus par l’oreille du passant qui les situe plutôt dans un proche lointain, sont diffusés à travers un grand nombre de haut-parleurs répartis à l’intérieur même de l’espace du Kapellbrücke. L’espace sonore extérieur, les sons du panorama, se retrouvent ainsi projetés dans l’espace temporel et déambulatoire du pont de bois.

C’est à partir de cette matière sonore, de ces sons extérieurs, mis en mouvement et se propageant à l’intérieur de cet espace scénique urbain, que s’effectuera le travail de taille, de soustraction de la substance sonore. Travail dont le rythme, l’articulation, la direction, sera fonction du nombre et du volume de personnes traversant le Kapellbrücke. Des capteurs placés aux deux extrémités du pont – à chacune d’entre elles sera suspendu un rideau de tissu coloré, afin de marquer ostensiblement l’entrée ou la sortie de cet espace – analyseront le nombre de « visiteurs » en un temps donné et déclencheront, en temps réel un certain nombres de partitions sonores, c’est-à-dire de modifications de la matière sonore diffusée, qui auront lieu sur toute la longueur du pont et varieront suivant les caractéristiques de construction de celui-ci, le mouvement et la densité des corps devenant un des paramètres constitutifs et agissants de l’espace sonore et architectural.

Ajouter du son au sein du Kapellbrücke, c’est paradoxalement pour pouvoir encore mieux rendre audible son prélèvement, sa disparition, sa modification ou son détournement et permettre à ceux et celles qui le traversent d’expérimenter pleinement une relation avec ce lieu de passage. Actualiser l’empreinte acoustique du Kapellbrücke en introduisant les sons du panorama légèrement amplifiés et en jouant avec eux, c’est aussi produire une image sonore de ce lieu, c’est une manière de le rendre manifeste à tous ceux et celles qui le pratiquent, et c’est une façon de faire exister, aujourd’hui encore, à travers des états de son et d’espace, l’expérience infinie du sens de cette traversée.

FINISSAGE

Alle Musiker/innen finden sich am Samstag, 18. September 2010 um 17:15 Uhr auf der Kapellbrücke ein, um ihre Plätze einzunehmen.

Die Nummerierung der Zonen beginnt mit der Zone 1 beim Brückeneingang Bahnhofstrasse (Luzerner Theater), und die Abfolge ist jeweils über Kreuz bis zum Ausgang auf Altstadtseite (Sankt-Peters Kirche). Ihr findet die Nummern provisorisch an einem Brückenpfeiler befestigt, bitte entfernt sie sobald Ihr Euren Platz einnehmt.

Die Klangintervention ist akustisch, es steht kein Strom zur Verfügung. Diejenigen, welche ein elektrisches Instrument spielen, müssen diesbezüglich unabhängig sein (verstärkt mit Batterien etc.)

Bei der Ankunft auf der Brücke soll sich jede/r direkt zu seinem/ihrem Platz begeben, wie ein Musiker, der zum Spielen an seinen gewohnten Platz kommt, ohne mit den anderen Musikern zu diskutieren zu beginnen.

In Entsprechung zu den Zonen, die in der Installation Chemin des sons bestimmt und verwendet sind, werden es 23 Musiker/innen sein.

Um 17:30 Uhr, beim Läuten der Glocken, beginnt die Konzert-Performance.

Spielanweisung: Ihr sollt nicht versuchen, musikalisch zu diskutieren oder in einen Dialog zu treten mit den Musiker/innen in eurer Nähe. Die Idee ist vielmehr, in Bezug zum Raum der Brücke und zum Klangraum, den die Installation Chemin des sons erzeugt, zu spielen. Kommen, spielen, gehen: man kommuniziert nur mit dem Ort, der Brücke, der Klanginstallation.

Um 18:00 Uhr, beim erneuten Glockenschlag, endet die musikalische Intervention. Jede/r Musiker/in räumt sein/ihr Material zusammen und verlässt unvermittelt den Ort der Performance. (J. D.)

Zone 1_Leo Bachmann, tuba
Zone 2_Jacques Demierre, harm.indien
Zone 3_Isa Wiss, Gesang
Zone 4_Andreas Müller, Gitarre
Zone 5_Julius-Kurmann, alto sax
Zone 6_Gerry Hemingway, Perkussion
Zone 7_Martin Baumgartner, laptop
Zone 8_Andreas Wegmann, cb-clarinette
Zone 9_Urban Maeder, akkordeon, melodica
Zone 10_Sebastian Strinning, sax ténor
Zone 11_Céline-Giulia Voser, violoncelle
Zone 12_Pius Strassmann, Bassblockflöte
Zone 13_Niklaus Mäder, Bassklarinette
Zone 14_Andel Strube, Tenor-Bassblockflöte
Zone 15_Nicola Romano, Violoncello
Zone 16_Urs Leimgruber, sax soprano
Zone 17_Paul Giallorenzo, électronique
Zone 18_Beat Unternährer, posaune
Zone 19_Hans-Peter Pfammatter, toy piano
Zone 20_Maria Karrer, violine
Zone 21_Christian Bucher, perkussion
Zone 22_Thierry Simonot, électronique,
Zone 23_Thomas Mejer, bariton